Chill
19.10.2012

Alexandre – The Ambassador [ITW]

Un jour en grand-bi à Londres, le lendemain sur le pavé de Roubaix, puis en cyclo-cross dans les bois, et en vélo 1900 sur le 210km de l’Eroica… Alexandre Voisine est un cycliste polyvalent. Amoureux de la bicyclette sous toutes ses formes, accessoirement designer cycle, c’est un passionné qui voyage partout. Et la Malteni, c’est un peu lui ! Bref, la classe.

Salut Alexandre! Est-ce que tu peux te présenter pour ceux qui ne te connaîtraient pas ?

J’ai 37 ans, j’habite un petit village près de la tranchée d’Arenberg entre Lille et Valenciennes et je travaille à Lille comme designer produit pour B’TWIN depuis bientôt 14 ans.

Tu es je crois le cycliste le plus complet qu’on connaisse, tu roules à peu près sur tout ce qui existe. D’où vient cette passion, et comment en as-tu fait ton métier ?

On me l’a déjà dit il y a quelques mois mais je ne l’avais jamais réalisé auparavant, pour moi c’est devenu naturel de rouler sur n’importe quel vélo ! J’ai démarré par le Mountain Bike en 1989, j’ai accroché de suite, fait beaucoup de compétitions XC/DH/trial, etc… la belle époque du VTT. Je faisais beaucoup de commuting sur Nantes quand j’étais étudiant, rien de mieux que le vélo pour rentrer bourré de soirée! Etudiant en design, j’axais tous mes projets sur le vélo, puis j’ai fait un stage chez Mavic. Bosser dans ce secteur, c’est ce que je voulais faire. Diplôme en poche, j’ai répondu à une annonce de Décathlon Cycles et depuis je m’éclate sur de nombreux projets… J’ai eu la chance de pouvoir côtoyer et travailler pour deux équipes pro pendant 10 ans (AG2R et COFIDIS), c’était très excitant de voir son vélo gagner des courses prestigieuses et des étapes du TdF ! Car si pendant longtemps je suis resté réfractaire à la route, mon arrivée dans le Nord il y a 14 ans a tout changé, et j’ai commencé à y prendre goût puis à découvrir que le monde du vélo était bien plus vaste que ce que je pensais…

Grand-bi, fixe, cyclo-cross, VTT, vélo 1900… A ce qu’on a pu voir, tu as une jolie collection. Tu dois avoir un sacré garage, alors combien de vélos chez toi exactement ? Ton préféré ?

Je garde secrète mon adresse ! Oui j’ai pas mal de spads, 12 sans compter la flotte des 7 autres vélos route Cyfac pour Pavé Cycling Classics. Difficile d’avoir un préféré, sans doute le dernier, j’en parle juste après mais tout dépend de l’humeur du moment. J’adore aussi « L’Arbre », mon fixe Cyfac que j’utilise tous les jours et avec lequel j’ai fait le premier Pars-Roubaix en fixe. En fait, je crois qu’à partir du moment où tu conçois un vélo, que tu suis sa fabrication et que tu connais la personne qui le fait, tu t’y attaches bien plus qu’à un assemblage de tubes reproduit 10000 fois…

Peux-tu nous parler de ton dernier né, le prototype Cyfac X Malteni pour le cyclo-cross? Dans quelle optique l’as-tu développé ?

Je crois beaucoup à cet usage grandissant qu’est l’UltraCX ou cyclocross marathon. Je m’aperçois qu’un VTT suréquipé n’est pas forcément l’idéal pour certains tracés et qu’un cyclocross un peu modifié peut être bien plus efficace et bien plus ludique qu’un VTT qui aseptise beaucoup les sensations. J’ai donc confié à Cyfac la fabrication de ce vélo nommé à partir de notre chère bière ! Le but était de participer à la 50ème édition de  la fameuse course de cyclocross marathon 3Peaks dans le nord de l’Angleterre, le weekend du 1er octobre .

Le cadre est en Reynolds 953 inox, la fourche en titane, pour la transmission il est compatible fixed gear pour les parcours pas trop escarpés et moyeux à vitesses intégrés pour la montagne. Merci d’ailleurs à Shimano France pour le groupe Alfine di2 en avant première ! Une vraie tuerie ce shifting ! J’adore son confort, sa polyvalence et sa qualité de fabrication…

Sur quelle discipline te fais-tu le plus plaisir ?

Là aussi c’est un peu une question de feeling, j’avoue que j’adore rouler en pignon fixe, le rendement et les sensations sont phénoménaux, surtout en off-road. J’aime de plus en plus rouler dans un but précis, rallier un point A à un point B, peu importe sur quelle machine. Quand je ne roule pas en off-road, ce sont les tracés routiers un peu alternatifs que je préfère (Paris-Roubaix, Tour des Flandres,L’ Eroica, Tro Bro Léon…). Enfin, rouler en vélo rétro – en grand-bi par exemple – est assez étrange car on rentre un peu dans la peau d’un autre personnage, il y a plus d’interactions avec les gens qu’on croise, ça dépasse la simple sortie à vélo!

Quid du pavé du nord ? Combien de Paris-Roubaix à ton actif ? Tu peux nous parler de Pavé Cycling Classics ?
On ne réalise pas toujours qu’on habite une région mythique pour les passionnés de cyclisme, rouler sur les pavés est une expérience unique. En plus des dizaines de fois les 100 ou 150 derniers km de cette course, j’ai fait 4 fois les 270km du parcours dont une fois en fixe et c’est pendant ce ride unique avec des riders qui étaient venus des quatre coins du monde que j’ai eu l’idée avec William Lanigan (un pote Irlandais avec qui je travaille depuis 14 ans) de créer cette structure appelé Pavé Cycling Classics.

C’est la  deuxième saison que nous accueillons des passionnés pour leur faire vivre l’expérience des pavés de l’enfer du Nord et du Tour des Flandres. C’est toujours un pur plaisir d’accueillir ces Américains, Australiens, Canadiens, Néo-Zélandais, Anglais dans notre région. Pour eux, c’est un rêve d’affronter Arenberg, ils embrassent même les pavés! Plus les conditions sont dures plus leur rêve devient réalité, on ressent toujours leur émotion au moment d’entrer sur le vélodrome de Roubaix ou d’arriver en haut du Koppenberg et du mur de Grammont. En avril prochain, on organise avec Velominati (un site américain de puristes du cyclisme) 9 jours d’immersion totale dans les classiques de printemps. Paris-Roubaix ride, RVV ride, LBL ride, suivi des classiques pro sur le terrain, on fera de la piste sur le nouveau vélodrome de Roubaix, etc… La cerise sur le gâteau est notre partenariat avec Johan Museeuw qui vient rouler avec notre groupe. Moi qui le regardait gagner Roubaix quand j’étais plus jeune, aujourd’hui je trouve surréaliste de prendre des relais avec lui et de partager une Malteni après une bonne bourre sur les pavés ! Life is good !

Ta prochaine course, ou trip cycliste en vue?

Le mois d’octobre fut très chargé ! Après l’Angleterre sur la 3Peaks (report ici), j’ai enchaîné sur le 210km de l’Eroica avec mon 1910. Puis j’ai fait  le  Roc Marathon avec B’TWIN. Bientôt la Hellcat sur Lille en Novembre (venez nombreux!) et certainement un dernier weekend pour Pavé Cycling Classics pour un petit groupe d’Anglais qui veut découvrir Paris-Roubaix… Après, repos !

Quel serait ton regard sur le monde du « cyclisme » français, pour toi qui a beaucoup voyagé ? Des évolutions constatées dans la consommation du vélo ?

Ce qui me fait vraiment plaisir c’est l’intérêt grandissant des gens pour le vélo, je ne dis pas ça uniquement car ça fait vendre plus de vélos à B’TWIN mais parce que cela a généré plus de diversité dans les pratiques. J’ai pu faire des voyages en Chine, Inde, Scandinavie, Etats-Unis et différents pays d’Europe juste pour observer les gens rouler, et ce que je peux en retirer c’est que leur vélo est de moins en moins un véhicule par défaut mais de plus en plus une sorte de compagnon qui leur ressemble et auquel ils vont prêter attention. Et comme chacun est unique, il se crée cette communauté que j’appelle « vélo alternatif » regroupant toutes sortes de pratiques plus ou moins émergentes.

Quels sont tes futurs projets pour 2012/2013 sur un plan personnel et/ou professionnel?

Tout d’abord chez B’TWIN car c’est quand même mon taf principal, je travaille sur 3 nouvelles plateformes de cadres, Route et MTB. Bien sûr, je n’en dirai pas plus mais on veut frapper fort sur le  design de ces nouveaux vélos…
Ensuite pour Pavé, on veut rendre ces séjours hyper qualitatifs, le vélo de route est devenu le nouveau golf! Plus c’est élitiste, plus les passionnés sont prêts à tout pour jouer à Tom Boonen dans Arenberg ! On aimerait aussi avec William proposer d’autres destinations comme certaines classiques italiennes ou d’autres lieux mythiques du cyclisme.
Pour Malteni, les idées fusent mais le temps manque un peu donc on prospecte au goutte à goutte et on saisit chaque opportunité de la faire découvrir. Etre partenaire d’évènements vélo est toujours un réel plaisir comme cette année à La Patrimoine, au RBB ou à la Rétro Ronde.
Enfin je rêve d’aller dans l’Oregon car il s’y passe beaucoup de choses dans la communauté vélo et dans les micro brasseries, j’adore leur état d’esprit. Ça tombe bien, un client de Pavé devenu un ami habite Portland et vient de faire la 3Peaks avec nous!

La question que tout le monde attend : ou peut-on trouver de la Malteni à Paris ? Plus sérieusement, comment en es-tu arrivé à créer une bière ?

L’idée de la Malteni vient de William. Elle a été créée pour rendre encore plus inédits nos séjours sur les pavés, on a pensé que boire une bière qui fait un clin d’œil à l’histoire du cyclisme pourrait plaire. Ça a marché, nos clients l’ont adoré ! Ensuite un peu de com, la confiance de la brasserie Brunehaut et le bouche à oreille nous permettent de nous amuser avec ce breuvage. Deux adresses pour trouver de la Malteni sur Paris, les 2 boutiques Le Retour à la terre, 1, rue le Goff dans le Vème, et 114, Bd Philippe Auguste dans le XIème…

Pour finir, une anecdote liée au vélo qui t’a particulièrement marqué ?

J’en ai beaucoup mais forcément le moment qui m’a marqué c’est quand ma fille de 6 ans a su faire du vélo toute seule! Je n’étais pas là ce jour là mais ce fût une forte émotion de la voir rouler à mes côtés et de la voir progresser à chaque sortie. Je lui ai fait un vélo de route, ça me fait tripper de la voir les mains en bas du guidon, grisée par la vitesse de l’engin… A suivre ! ;-)

Le mot de la fin?

Je crois qu’on a tous trouvé dans le vélo un extraordinaire mode de vie que peu d’autres activités peuvent procurer. On peut se déplacer librement, se dépenser, rencontrer des personnes sympas, vibrer devant les perf des champions, vivre des aventures à 2 pas de chez soi ou à l’autre bout du monde. C’est un thème inépuisable dont nous sommes tous acteurs ! Big up à toute la communauté vélo dont j’ai la chance de faire partie ! Viva la bicicletta !

Merci beaucoup! On se retrouve sur le pavé du Nord!

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